Le budget participatif est une modalité de la démocratie locale, gage d’une meilleure participation des citoyens à la coproduction de l’action publique locale. Son usage semble remporter un certain succès dans une dizaine de communes tunisiennes depuis 2014, au point que se fait jour la volonté de plusieurs acteurs étatiques et associatifs de l’institutionnaliser à l’échelle nationale. La promotion de dispositifs participatifs au niveau local est loin d’être une « idée neuve » en Tunisie et fut jadis au service d’un projet de légitimation du régime et de contrôle de proximité des citoyens. Mais dans ses nouvelles mises en œuvre, sans rompre totalement avec les anciennes logiques, il permet d’identifier certaines des dynamiques territoriales et politiques qui façonnent le processus de décentralisation dans la Tunisie de l’après-Ben Ali. A partir d’une entrée par les policy transfers, nous montrons que le budget participatif est le fruit d’une combinatoire. D’un côté, il est le produit de la rencontre entre des arènes circulatoires de la participation et des entrepreneurs locaux du monde associatif ; de l’autre, il est au cœur d’enjeux et de luttes politiques territorialement situées. Espace d’énonciation d’un nouveau rapport au politique, il est aussi pour plusieurs acteurs locaux, notamment les exécutifs municipaux en mal de légitimité, une opportunité de construction d’un capital politique et une modalité de cadrage des dynamiques populaires.

Tags vedette
Mettre en place une démarche participative : les bonnes questions à se poser