Il y a 10 ans, Karapat créait le premier bébé-bus de Haute-Savoie. Une halte-garderie itinérante pour offrir un mode de garde aux familles vivant en milieu rural. Aujourd’hui, Karapat c’est trois bébé-bus et un multi-accueil en « dur ». Récit d’un succès né de la grande détermination de Pascale Monange, une maman qui a connu les difficultés de beaucoup de femmes : concilier vie pro et vie perso.

D’une galère personnelle  -3 enfants, au chômage et pas de mode de garde -, Pascale Monange a fait un tremplin : elle s’est créé son propre job  et a trouvé une solution à un problème, partagé par toutes les familles habitant loin des villes ! Il faut dire que Pascale Monange, économiste de formation est une entrepreneuse et que monter des projets, elle sait faire : c’est son job.

Un mode de garde proche des familles
En 2006 quand elle recherche un emploi, elle s’aperçoit qu’avec trois enfants  et sans possibilité de les faire garder même occasionnellement ce n’est pas facile ! Et elle constate qu’elle n’est pas la seule à se sentir isolée et démunie dans ce département de montagne  largement rural. Alors, elle a une idée : faire venir  le mode d’accueil dans les villages les plus isolés à la rencontre des parents et des enfants. Elle crée alors Karapat, une association qui met en place la première halte-garderie itinérante de Haute Savoie à une époque où peu de projets similaires sont développés. « Il y en avait un dans l’Yonne et du côté de Grenoble, je crois » se souvient-elle. Le succès a été au rendez-vous et le bébé-bus a fait des petits : aujourd’hui trois véhicules sillonnent le département chaque jour et desservent  les communes aux alentours d’Annecy, Lovagny et Rumilly.*Une commune par jour, du lundi au vendredi de 8h30 à 16h30. Depuis sa création, Karapat a accueilli un millier de tout-petits à âges de 2 mois et demi à 4 ans.

Un bus  équipé et une salle prêtée par les mairies
 Le concept : un bus (style camping-car) qui se déplace de petites villes (ou gros villages …) en petites villes. A son bord des professionnels  (une EJE, 2 auxiliaires de puériculture, 2 animateurs titulaires du CAP petite enfance pour un accueil d'une petite vingtaine d'enfants ) et du matériel de puériculture et d’éveil.
Le bus n’est pas la crèche ! L’accueil se fait dans une salle mise à disposition par les communes. Néanmoins les bus sont équipés de couchettes sécurisées pour pouvoir faire faire la sieste aux plus petits, d’un plan de change et d’une petite cuisine avec frigo. Les parents qui bénéficient de cet accueil à titre occasionnel  ou régulier (mais  à temps partiel), doivent apporter couches et repas qui seront réchauffés dans le bébé-bus. Ils doivent aussi  pré-inscrire  leur enfant pour réserver sa place via le site internet de Karapat.

Les mêmes règles que pour un EAJE fixe
Pour monter l’affaire, Pascale Monange a appris à se dérouiller dans les méandres de la pette enfance : la PMI et son agrément (« ils ont été  sérieux mais plutôt compréhensifs » dit-elle), la CAF pour le financement (via la PSU comme tout EAJE) et les communes sans qui rien ne serait possible.
Avec dix ans de recul, pour la fondatrice de Karapat, arrivée dans la petite enfance un peu hasard, le bilan est largement positif . « On rend un vrai service aux familles explique-t-elle  qui n’auraient sans nos bébé-bus, jamais eu accès un accueil collectif. On nous dit aussi  que quand les enfants rentrent à l’école maternelle, on sent qu’ils ont déjà tissé de vrais liens entre eux grâce à la halte-garderie. Et pour certaines mères, isolées qui ne travaillent pas à l’extérieur, la halte garderie Karapat constitue une bouffée d’oxygène. Elles ont enfin du temps pour elles ». Des inconvénients ? S’il y a en a ils sont plutôt liés à la complexité du système. « D’abord les communes dont la halte-garderie dépend (car elle ne peut exister sans salle) nous oublient parfois …Le local n’est pas libre, ou n’a pas été nettoyé. Nous ne sommes pas toujours prioritaires » regrette-t-elle.

Par tous les temps !
La présidente de Karapat aime et croit en son entreprise. Mais elle reconnaît que c’est lourd à gérer et à animer (plus difficile qu’un EAJE fixe) et que l’équilibre financier est précaire. Et précise-t-elle,  «  aujourd’hui ce sont les 2 bébé-bus intercommunaux qui marchent le mieux ». Oui c’est parfois difficile et aléatoire. « Mais je vais continuer, affirme-t-elle. J’aimerais bien que d’autres bébé-bus voient le jour ».
 La plus grande fierté de Pascale Monange ? En dix ans, dans ce pays de montagnes et de froid, une seule fois les bébé-bus ont du rester au garage. Vraiment trop de neige ! Sinon jamais ils n’ont manqué un rendez vous avec les enfants.

Pour en savoir plus : http://www.karapat.fr/

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