La Fédération des associations d’étudiant·e·s, syndicat étudiant de l’Université de Lausanne, introduit en 2013 le tirage au sort comme mode de désignation des représentants de son assemblée législative. Avant cette introduction, toutes les personnes immatriculées à l’université votaient pour désigner les étudiants qui les représenteraient au cours de l’année académique. Cet article analyse les dynamiques politiques de cette expérience particulière afin d’amener au débat sur le tirage au sort un éclairage utile dans le questionnement relatif aux pratiques démocratiques. Cette question implique de s’interroger sur les profils des représentants, en montrant que le sort diversifie bel et bien ceux-ci dans le sens d’une meilleure représentativité. Nous revenons ensuite sur les effets symboliques de la sélection aléatoire, qui conduisent dans notre cas à la démystification du rôle de représentant et à une plus grande prise en considération de l’intérêt de la communauté dans la délibération. Nous discutons enfin comment la dimension représentative et la dimension symbolique se réalisent dans le processus dynamique de la délibération. Cette analyse nous permet de mettre en évidence que bien que le tirage au sort réduise la force des structures génératrices de rôles, il ne semble pas ici engager d’effets assez puissants pour déstructurer totalement les normes et les codes classiques du jeu politique.

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