Là où la plupart des communes françaises commencent par prendre une délibération pour prescrire la révision du PLU et ses objectifs, la mairie de Saillans, 1.200 habitants dans la Drôme, s'est d'abord concertée avec sa population. Un choix évident pour l'équipe municipale qui, depuis 2014, associe largement les habitants à la décision. "Partir de l'histoire et de l'usage de chacun, c'est faire le pari que les habitants, avec leurs pratiques quotidiennes, sont les plus à même d'imaginer le Saillans de demain", souligne la chargée de démocratie participative à la mairie, Fanny Larroque, qui accompagne l'équipe d'élus dans cette révision.

Association d’éducation populaire pour animer et former des animateurs bénévoles

Pour animer la démarche, la commune a choisi un bureau d’études aux compétences variées : urbanistes, architectes, paysagiste et aussi éducateurs populaires. Une association a accompagné toute la démarche et a notamment formé un groupe d'animateurs bénévoles. "Des animateurs accompagnent déjà les élus tout au long de l'année, en lien avec l’observatoire de la participation (ancien conseil des sages). Pour la révision du PLU, nous en avons formé de nouveaux, qui ont travaillé avec l'équipe d'urbanistes et de paysagistes qui pilote la démarche." Ces animateurs se sont familiarisés avec plusieurs outils d'éducation populaire, ensuite utilisés auprès des habitants.

Des outils issus de l'éducation populaire pour recueillir la parole

"Sortir du format classique de réunion", c'est le credo de la démarche proposée. Et pour mobiliser au mieux les habitants, la commune a eu recours à plusieurs supports. Des ateliers "grande carte" ont été proposés : "On a notamment installé cette photo aérienne de la commune de 3 mètres sur 5 sur la place du marché, l'idée étant d'aller à la rencontre des habitants là où il leur est plus facile de s'exprimer." Sur le terrain, la commune a aussi organisé des ateliers promenades sur des secteurs à enjeux : en centre-bourg, sur un quartier coupé du centre par une nationale, sur le plateau agricole, sur les bords de la Drôme. "En allant sur les quartiers, on rencontre des habitants qui ne seraient jamais venus en réunion, le débat s'instaure plus facilement sur les différentes manières d'utiliser les lieux ainsi que sur leurs éventuelles attentes de transformation."

La volonté d'écrire un document qui parle à tous

Les participants ont également pratiqué ensemble "l'arpentage" des différents textes de loi encadrant le PLU. Une méthode de lecture puis d’analyse collective inventée dans les "cercles d’études ouvriers" à la fin du 19e siècle. "Chacun lit individuellement le texte puis confronte avec le collectif ce qu'il en comprend, ce que ça évoque, ce qui permet de s'approprier ensemble des textes ardus." De ce travail est née l'envie de rédiger un PLU simple, qui parle à chacun et comporte un glossaire. Les participants ont aussi insisté sur la volonté d'informer d'abord sur ce qu'il est possible et conseillé de faire, avant de dresser la liste des interdits du PLU.

Bilan encourageant

Au final, quelque 200 personnes ont directement participé à la définition des objectifs de révision du PLU, sur une période de 6 mois. "Grâce à ces échanges, nous avons aussi réussi à embrayer sur des questions de société plus larges, par exemple de quelle manière souhaite-t-on accueillir les nouveaux habitants ?" Ce travail commun sur les objectifs a également lancé des initiatives : un groupe sur l'habitat groupé et un autre sur la transition énergétique se sont créés, qui veulent concrétiser en actions ces enjeux. A ce stade, aucun des enjeux apparus n'est en contradiction avec les contraintes que fixe un PLU, comme la nécessité d'économiser le foncier. "Même si certains auront toujours des intérêts individuels divergents des objectifs PLU, au moins, ceux-ci auront été éclairés et décidés ensemble". Cette étape de concertation en amont de la révision reste cependant d'un coût non négligeable pour une petite commune. Pour la révision du PLU, la commune a décidé de continuer à mettre l’accent sur les ateliers de concertation avec les habitants. Saillans a réussi à mobiliser des financements extérieurs : la Caisse des Dépôts va soutenir le projet, la Fondation de France doit confirmer d’ici peu.

Cafés d’urbanisme et ateliers dans les écoles pour attirer d’autres publics

Pour la suite de la démarche de révision, lancée fin juin 2017, les élus réfléchissent à mettre en place d'autres outils pour associer plus largement les publics les moins mobilisés jusque-là : les jeunes, les personnes âgées isolées et les publics les plus précaires. "Nous allons par exemple tester des cafés d'urbanisme et proposer des ateliers dans les écoles." L'idée est aussi de valoriser toute la matière collectée au cours de la première étape dans une exposition itinérante. Enfin, un panel citoyen de 10 habitants tirés au sort va intégrer le comité de suivi, tout au long du processus de révision. A suivre donc...

Acteur

Acteurs

Commune de Saillans

Bilan

Bilan

200 participants

Un travail de pédagogie et de sensibilisation mené auprès des habitants

Territoires

Département(s)

Domaine

Outils

Mots cles

Contexte

Méthodes / Outils