Projet partagé Démocratie culturelle : Point d'étape et contextes des collectivités engagées
L’action culturelle à l’échelle d’une municipalité
L’action culturelle est un levier d’action municipale majeur, à la fois en soi et en résonance avec de nombreux enjeux de développement local : cohésion et mixité sociale, attractivité touristique, éducation, citoyenneté, jeunesse, transition environnementale. Pour répondre de façon cohérence à ces enjeux, les stratégies de politique culturelle territoriale sont nombreuses : redéfinir avec les habitants ce qui fait culture ; développer l’accès aux arts et à la culture ; œuvrer à sa diffusion par l’éducation ; en faire un objet de connaissance et de reconnaissance intergénérationnelle ; creuser le sillon de son ancrage territorial ; faire des habitants des acteurs de la créativité collective ; permettre l’accès de tous à une pratique artistique non discriminante…
Quels que soient leurs visions et leurs objectifs, la plupart des municipalités s’efforcent depuis quelques années de concevoir et mener leur action culturelle en y associant les usagers, les agents publics et une diversité d’acteurs locaux, avec des cultures professionnelles différentes (associations locales, institutions culturelles, éducation populaire, travailleurs sociaux, artistes et collectifs d’artistes…).
Cette dynamique d’ouverture et de coconstruction a été renforcée par l’adoption de la loi NOtre, en 2015, qui reconnaît les « droits culturels » (au sens de la déclaration de Fribourg de 2007) et met l’accent sur « la nécessité de garantir aux populations leur liberté d'expressions culturelles et artistiques ». La loi précise en outre que « la responsabilité en matière culturelle est exercée conjointement par les collectivités territoriales et l’État ».
C’est dans ce contexte que la crise COVID est venue toucher de plein fouet la production artistique et l’accès à la culture, rendant les enjeux d’action et de démocratie culturelles plus prégnants que jamais. Pour l’équipe de l’ANCT, il est apparu pertinent que ce thème devienne l’objet d’un projet partagé « Territoires en commun ».
Les 4 communes engagées et leur vision du projet partagé
La commune de Mantes-la-Jolie
Mantes-la-Jolie (78) est une commune de la grande banlieue parisienne située à 57 km à l’ouest de Paris, sur l’axe fluvial et ferroviaire de la vallée de la Seine. Elle compte environ 45 000 habitants et fait partie de la communauté urbaine Grand-Paris Seine & Oise (400 000 habitants). Fruit de la forte croissance urbaine du XXe siècle et de l’industrialisation de la partie aval de la Seine, le territoire communal se présente sous la forme de trois quartiers : un centre historique à la population diversifiée et rassemblant la majorité des équipements et services ; un vaste secteur pavillonnaire (Gassicourt) ; un grand ensemble (le Val-Fourré), sensiblement excentré et concentrant près de la moitié de la population. Dans ces conditions, la réduction des inégalités en matière d’accès aux services et de qualité de vie est un enjeu majeur de l’intervention publique.
Sous l’appellation « Assises de la Culture », la commune souhaite mettre en place un vaste dispositif de concertation, tant avec les professionnels et les institutions – culturels mais pas seulement – qu’avec l’ensemble de la population. Les Assises auront pour objectifs de construire collectivement la politique culturelle de la ville, de donner de la visibilité à la culture et à ses acteurs sur le territoire, et de renforcer l’attractivité de la ville en général.
La ville fait le choix de s’inscrire dans un projet partagé afin d’enrichir sa réflexion au contact d’autres collectivités partageant le souhait de mettre en place des outils d’analyse et de concertation, dans une dynamique de réseau où les différences de territoires et d’enjeux permettront d’affiner les questionnements, d’identifier les risques méthodologiques et ainsi d’encourager la plus grande ouverture d’esprit tout en ajustant le dispositif au territoire.
La commune souhaite articuler son projet en deux grandes étapes : un diagnostic partagé, puis une phase d’élaboration des propositions qui se traduiront par une feuille de route pour le mandat. Le tout reposera sur des dispositifs de concertation avec les citoyens en priorité, mais également les professionnels et/ou les associations issus des champs culturels, sociaux, des relations internationales…. Tout au long du projet, une programmation artistique et festive permettra de compléter la concertation pour sensibiliser le public, mobiliser les acteurs et offrir aux participants un premier aperçu du champ des possibles en termes de diversité culturelle.
La commune de Guichen
Jusqu’ici plutôt tournée vers le développement des équipements sportifs et l’accompagnement de la pratique associative sous toutes ses formes, la Commune de Guichen porte avec le nouveau projet municipal une volonté de développer un projet culturel ambitieux construit en concertation avec les habitants.
Le maillage culturel du territoire s’appuie sur un réseau d’équipements culturels et de lieux associatifs. Le tissu associatif est très dense (plus de 120 associations) et permet de proposer une multitude d’activités à la population. Ce dynamisme de la vie associative favorise l’attractivité du territoire et stimule le développement économique. La part des associations culturelles ne cesse d’augmenter.
La Commune de Guichen est une commune historiquement assez rurale. L’arrivée importante de jeunes ménages avec enfants ces dernières années est en train de modifier la composition de la population. Les services doivent s’adapter à ce public majoritairement originaire de communes très urbanisées et habitué à bénéficier d’infrastructures de qualité et de nombreuses propositions.
La politique culturelle de la Commune
Concentrées à l’origine au sein de l’Espace Galatée, les activités culturelles se sont déployées au fur et à mesure autour de ce lieu de ressources qui sert d’axe central à la diffusion de la Culture sur le territoire communal. Jusqu’ici orientée essentiellement en direction de la jeunesse, la programmation culturelle se veut désormais éclectique, en termes de formes proposées, de publics ciblés, de thématiques abordées et de participation du public souhaitée.
La démocratisation de la gouvernance et l’association des habitants aux processus de décision sont inscrites dans le projet politique du mandat municipal 2020-2026. Les élus expriment la volonté forte de définir la politique culturelle de la Commune en concertation avec les citoyens et les acteurs du territoire.
Cette volonté nécessite de déployer d’autres outils de construction des projets, de créer des lieux d’échanges pour construire ensemble des solutions convergentes. La possibilité de participer à la définition de la politique culturelle de la Commune provoque un intérêt certain de la population. Comment accompagner au mieux cet intérêt des citoyens ? Comment éviter les tensions ou les malentendus que ces échanges peuvent engendrer ? Comment garder le cap d’une vision transversale nécessaire ? Le fait de placer les individus au cœur du processus engendre du changement et peut générer une confrontation des valeurs et une remise en question des cultures professionnelles.
L’accompagnement de l’ANCT permettra à la Commune de Guichen d’acquérir les outils nécessaires pour bien définir les règles du jeu vis-à-vis des différents acteurs engagés et de garantir un regard objectif et transversal sur les moyens permettant de construire avec la population et les acteurs culturels, ce projet partagé.
La commune de Niort
La démarche de concertation sur la politique culturelle dans laquelle s’engage la ville de Niort tient au souhait de se placer en situation de dialogue avec un observateur extérieur, tenu à une objectivité de présentation, connaissant les problématiques du secteur, en capacité de faire émerger des perspectives d’orientation par l’animation d’entretiens et d’échanges. La Ville attend que la désignation des participants à la concertation soit le plus large possible : professionnels du secteur, représentants locaux, citoyens personnes physiques.
Au début d’un mandat municipal renouvelé, l’action culturelle de la Ville de Niort s’inscrit dans un schéma général défini par l’attractivité du territoire, la mise en œuvre d’objectifs de développement durable et la maîtrise budgétaire. L’action culturelle ne reçoit pas de formulation spécifique énoncée en termes de stratégie de politique publique. Cependant, durant le mandat précédent (2014-2020), la structuration de l’offre culturelle a été consolidée par les moyens suivants :
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Soutien aux équipements culturels labellisés : Scène nationale et Cinéma Le Moulin du roc – Scène de Musiques actuelles CAMJI et Centre d’art contemporain photographique Villa Pérochon (fonctionnement et investissement)
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Accompagnement et soutien aux gestionnaires de lieux culturels (Patronage laïque, Théâtre Jean Richard, La Chaloupe/Cirque en scène, Îlot sauvage, La Rousse)
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Mise en place d’un Dispositif d’aide aux compagnies professionnelles de diffusion, création et pratiques artistiques, ainsi qu’aux organisateurs d’événements, en concertation avec les représentants de ces structures
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Maintien global des actions et manifestations en régie : expositions / street art, saison estivale et festival littéraire
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Pérennisation du service culturel, rattaché à la Mission Culture et Valorisation du Patrimoine pilotée par la DGA Vie de la Cité.
Niort compte 60 000 habitants. Rattachée à la région Nouvelle-Aquitaine, préfecture des Deux-Sèvres, Niort est ville-centre d’une agglomération d’environ 120 000 habitants qui déploie une politique de gestion d’équipements culturels s’appuyant sur le service des Musées, un réseau de médiathèques rattaché à la Médiathèque centrale, un Conservatoire de musique et de danse et une école d’Arts plastiques. Au tournant des années 2020, le paysage culturel niortais connaît une transformation importante liée à plusieurs opérations de réhabilitation :
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Requalification de la médiathèque centrale, entraînant une rénovation de l’ensemble immobilier hébergeant la Scène nationale
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Requalification de Port Boinot, ancienne friche de centre-ville, à proximité de la Scène nationale, en parc naturel, doté d’un café culture
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Émergence de nouveaux opérateurs porteurs de nouveaux événements : festival de Jazz, Ilôt sauvage (gestionnaire du café culture de Port Boinot), association La Rousse
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Acquisition de la Chapelle Saint-Hilaire, en vue d’y développer un projet culturel.
La période de confinements a révélé un certain nombre d’enjeux de cohésion, à la fois internes et externes au secteur de la culture. Dans ce contexte, une démarche de concertation autour de la politique culturelle à Niort ouvre l’opportunité d’une définition intégrant les attentes des habitants.
La ville de Bourges
La nouvelle municipalité veut redynamiser le territoire à partir d’une de ses identités fortes : la culture (« Il faut que vous compreniez bien que ce qui se passe ici est une certaine aventure probablement unique dans le monde entier… » André Malraux, inauguration de la Maison de la culture 18 avril 1964). Le monde a changé depuis. La France aussi. Bourges aussi. Aujourd’hui, l’heure est à la coopération de Bourges avec d’autres collectivités ayant une ambition convergente de développement culturel par la culture. L’heure est l’inclusion des habitants dans le processus d’élaboration d’un projet culturel municipal, comme citoyens et comme usagers,
La nouvelle municipalité a initié un processus de coconstruction du projet culturel avec les acteurs culturels berruyers institutionnels et associatifs : « Les Debouts de la culture ». Une articulation des « Debouts » avec programme « Territoire en commun » est à mettre en place.
Il en est de même pour la candidature « Bourges Capitale européenne de la culture 2028 » que la Ville déposera cette année. Elle a déjà reçu le soutien de l’agglomération de Bourges Plus, du département du Cher, de la Région Centre Val de Loire.
Lisez le Manifeste « Bourges à l’heure Capitale » ICI