Sur l'île de Mayotte, la proportion de personnes de plus de 65 ans est faible :  à peine 6 %, contre près de 20 % en métropole. Les conditions de logement ne sont pas non plus les mêmes, car bien plus rudimentaires. Et surtout, il n'existe pas d'établissement d'hébergement pour personne âgée sur l’île, dans un département où la culture prône le maintien à domicile de nos aînés. Les personnes âgées ou handicapées n’ont donc pas d’autres alternatives que d’améliorer et d’adapter leur logement. C’est une véritable politique à développer localement : favoriser le maintien à domicile en améliorant leur logement, d’autant plus que beaucoup de personnes vivent de minima sociaux et doivent se débrouiller pour rester chez elles. Pour certaines, cela devient très compliqué.

Dispositifs de droit commun inadaptés au contexte

Depuis 2017, le CCAS de Sada a décidé d’intervenir pour aider à l’amélioration et l’adaptation des logements des personnes en perte d’autonomie. Une des difficultés est, pour beaucoup d’habitants, l’absence de titre de propriété pour prétendre aux financements dédiés au logement social. De plus, le cadastre est en cours d’élaboration, on ne peut s’y référer. "Cela rend très compliqué le recours à des dispositifs de droit commun, voire impossible." "En réalité, une politique de mise à jour du cadastre doit être mise en place en urgence à Mayotte, en vue d’asseoir une politique de logement social. Or ce préalable n’a pas été fait dans le cadre de la préparation de la départementalisation du territoire", souligne la présidente du CCAS de Sada, Anchya Bamana.

Solutions simples et rapides à mettre en œuvre

Le CCAS n'a que quatre ans d'existence et monte en compétence dans les limites des moyens disponibles. Pragmatique, il vise à améliorer l’existant pour faciliter la vie des personnes en perte d’autonomie par des solutions simples et rapides à mettre en œuvre"On ne parle même pas de mettre aux normes européennes, explique la directrice. L’objectif est parfois simplement de permettre à une personne handicapée et bloquée dans son logement, d’aménager une rampe qui lui permette de rejoindre la route, ou alors d’aménager des sanitaires en installant une barre d’appui ou encore de poser des carrelages à l’intérieur de la maison." Les sommes engagées à chaque fois sont faibles. À moyen et long terme, le CCAS compte sur la création d’un chantier d’insertion pour assurer ces travaux d’amélioration sur "le petit bâti". (Voir encadré)

Après un financement d’amorçage, le relais du financement participatif

Pour amorcer son projet, le CCAS a bénéficié de la bourse aux initiatives lancée par le réseau national des CCAS (l’Unccas) et la fondation AG2R, pour favoriser le logement et l’hébergement des personnes âgées.

Depuis octobre 2018, la fondation Les Petites pierres a pris le relais. Elle a proposé au CCAS d’inscrire son projet sur la plateforme de financement participatif. Chaque don versé à "Caribou Dagoni" est doublé par la fondation. Le CCAS a décidé de démarcher les entreprises locales pour les inciter à participer. Grâce à cela, il envisage l'aménagement de quatre nouveaux logements. Lundi 14 janvier 2019, la campagne de crowdfunding a pris fin et le CCAS de Sada a pu récolter les 19.970 € prévus pour la réalisation de son projet.

Chantier d’insertion Habitat à venir

À moyen et long terme, le CCAS compte sur la création d’un chantier d’insertion pour assurer ces travaux d’amélioration sur "le petit bâti". "Cela nous permettrait d’amortir les coûts" reprend la directrice, tout en apportant une réponse à une autre problématique locale, le chômage, en créant des postes d’insertion. Le CCAS a déjà lancé deux chantiers, l’un sur les espaces verts et l’autre sur le tri sélectif. Un troisième sur l’habitat devrait ouvrir en 2019, avec comme objectif préalable de recenser toutes les personnes en perte d’autonomie (personnes âgées et en situation de handicap) devant bénéficier de cette de cette politique d’amélioration du logement pour un maintien à domicile facilité.