Afin de permettre à des jeunes Angevins en insertion professionnelle d’accéder au permis de conduire, le Centre Communal d’Action Sociale de la Ville d’Angers a développé un « permis citoyen ». Celui-ci combine une aide financière et un accompagnement personnalisé ainsi qu’un engagement solidaire de 20 heures dans une logique de « réciprocité ». Pour mener à bien cette action, le CCAS s’appuie sur un important réseau de partenaires qui oriente les jeunes en amont, leur propose des missions de bénévolat et leur fournit un accompagnement social si nécessaire.

Le permis citoyen s’adresse aux Angevins de 18 à 25 ans qui résident depuis plus de deux ans sur le territoire et dont le permis de conduire constitue le dernier frein à l’insertion professionnelle. En outre, les jeunes doivent être en mesure de financer 20% du coût du permis, l’aide du CCAS ne pouvant être mobilisée qu’en complément, jusqu’à hauteur de 1000€. Sur le plan de son contenu, l’aide est donc proche de nombreux dispositifs existants. Mais elle s’en distingue pourtant fortement à deux titres. Le permis citoyen propose un accompagnement personnalisé des jeunes fondé sur la base de leur projet d’une part et sur le principe d’un engagement citoyen d’autre part. Enfin, il s’appuie sur un très large réseau de partenaires qui interviennent à plusieurs niveaux.



Un accompagnement personnalisé


Les jeunes qui sollicitent une aide au permis de conduire auprès du CCAS d’Angers bénéficient d’un accompagnement personnalisé, rendu possible par la mobilisation de professionnels dédiés. Il s’agit dans un premier temps de vérifier que les conditions d’accès au dispositif sont bien remplies. Notamment, le jeune demandeur doit être en fin de parcours d’insertion socio-professionnelle. Cette exigence vise à éviter les abandons qui étaient très fréquents dans le dispositif précédent. En outre, les jeunes doivent réunir a minima 20% du coût du permis. Pour éviter que cette condition ait un caractère trop discriminant, les professionnels du CCAS peuvent aider les jeunes les plus en difficulté à accéder à des cofinancements, en sollicitant par exemple « La semaine de la bonté », le Fonds d’Aide aux Jeunes, ou bien les services du Département. En réalité, l’apport moyen des jeunes dépasse souvent le seuil de 20% et s’élève à 1180€. De son côté, le CCAS participe à hauteur de 899€ en moyenne. Par ailleurs, un accompagnement social est proposé lorsque des fragilités sont détectées.


Quand rien ne s’oppose à l’entrée dans le dispositif, chaque jeune bénéficie d’un suivi par un référent au niveau du CCAS. Ainsi, tout au long du parcours du jeune, un professionnel est en lien avec l’auto-école, ce qui permet notamment de proposer des solutions si des difficultés apparaissent. En effet, le jeune peut librement choisir son auto-école mais au sein d’un réseau d’entreprises qui ont accepté de signer une charte de bonnes pratiques. La participation à un module de prévention routière qui dure une journée est par ailleurs obligatoire pour bénéficier de l’aide du CCAS. En fonction des besoins des jeunes, d’autres modules sont proposés. Ainsi dix jeunes bénéficient chaque année d’un atelier d’aide à la gestion du stress, de manière à aborder sereinement l’examen du permis de conduire. Par ailleurs, depuis 2012, 34 jeunes ont pu profiter de la conduite supervisée. Cette action s’adresse à des jeunes qui rencontrent des difficultés dans leur apprentissage de la conduite et qui risquent, de ce fait, de dépasser le devis initial. En effet, depuis 2010, la loi permet à des personnes ayant réussi l’examen du code de la route, de s’entraîner à la conduite en présence d’une personne titulaire du permis de conduire depuis plus de cinq ans, dès lors où une assurance spécifique est souscrite. Des retraités bénévoles accompagnent ainsi le jeune entre 40 et 50 heures, en utilisant une voiture mise à disposition par une auto-école associative. Une attestation de l’auto-école doit être délivrée au préalable, afin de garantir que le jeune conducteur a acquis les compétences nécessaires pour ne pas mettre en danger autrui.



L’engagement citoyen : valoriser les compétences des jeunes


De plus, à l’aune d’un principe de réciprocité, le permis citoyen prévoit la réalisation d’un engagement citoyen du jeune qui reçoit l’aide. Si celui-ci est déjà investi dans le cadre associatif, il peut obtenir une dispense. Dans le cas contraire, le référent du CCAS travaille avec le jeune pour identifier ses envies mais également ses contraintes. Ainsi le volume horaire de l’engagement citoyen peut varier entre 20 et 40 heures, tout comme les moments de sa réalisation (en journée, le soir ou le week-end), en fonction des disponibilités du jeune. Ce n’est en aucun cas le montant de l’aide qui détermine le nombre d’heures à effectuer, l’engagement citoyen n’étant pas une manière « d’acheter » l’aide du CCAS. Mais surtout, le contenu de cet engagement citoyen est travaillé avec le jeune : il ne s’agit pas de forcer le jeune à effectuer des activités qui ne l’intéressent pas mais de lui donner l’opportunité, et peut-être le goût, de l’engagement associatif. Les jeunes réalisent donc leur engagement citoyen dans des domaines très variés, au sein d’associations ou même de services administratifs. Certains choisissent de s’investir dans l’aide aux plus précaires, en participant à la distribution de colis alimentaires ou à l’activité d’une épicerie solidaire. D’autres effectuent leur engagement auprès de personnes âgées dépendantes ou encore dans la préservation de l’environnement. Souvent, des liens peuvent être bâtis entre l’engagement citoyen et le projet professionnel des jeunes, ce qui leur permet de valoriser une expérience supplémentaire pour leur recherche d’emploi. Une enquête par questionnaires fait ainsi ressortir que plus de la moitié d’entre-eux pense pouvoir valoriser cette expérience dans leur curriculum vitae, d’autant qu’un certificat leur est fourni à l’issue de l’engagement. Certains jeunes sont même parfois embauchés par les services qui les ont accueillis, dans le cadre de besoins ponctuels par exemple. Pour s’assurer que l’accueil du jeune se déroule bien, un important travail est engagé avec les partenaires.

Un réseau de partenaires au service du projet de chaque jeune


Pour mener à bien son action, le CCAS d’Angers a tissé un réseau de partenaires constitué d’une quarantaine d’acteurs, dont une quinzaine de services municipaux et de très nombreuses associations. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas tous issus du secteur des solidarités puisque le réseau compte une association d’athlétisme et une bibliothèque par exemple. Cette variété d’acteurs permet d’offrir un large choix aux jeunes quant au domaine dans lequel ils effectuent les heures d’engagement citoyen. Ces partenaires s’engagent par ailleurs à une grande réactivité, afin d’accueillir les jeunes dans délais très courts, souvent d’une ou de deux semaines au maximum. En outre, elles acceptent d’être à l’écoute du jeune et de ses envies. Si l’accueil de jeunes est demandeuse en temps et en énergie, la quasi-totalité des partenaires portent un regard positif sur cette expérience qui a une plus-value pour le jeune comme pour la structure d’accueil. Le CCAS souhaite aujourd’hui étendre ce réseau d’acteurs, pour élargir encore les possibilités de choix pour les jeunes mais aussi pour sensibiliser de nouveaux acteurs aux compétences des jeunes.


En-dehors de l’accueil des bénéficiaires du permis citoyen, certains partenaires sont mis à contribution en amont ou de manière concomitante. Par exemple, la mission locale est l’un des partenaires fondateurs de ce dispositif et peut orienter des jeunes vers le CCAS. Elle instruit aujourd’hui près de 80% des dossiers. Une enquête par questionnaire démontre néanmoins que de nombreux jeunes ont connu l’action grâce à internet, ce qui témoigne de l’utilité d’investir ces outils de communication dans le cadre de dispositifs s’adressant aux jeunes. Des partenariats sont également mis en place lorsque le «permis citoyen» est l’occasion de débuter un accompagnement social. Si les professionnels du CCAS peuvent intervenir ponctuellement, les personnes sont orientées vers les partenaires adéquats pour un suivi dans le temps. Pour la conduite supervisée présentée plus haut, là encore le CCAS travaille avec trois associations. Enfin, les services du CCAS réfléchissent aujourd’hui à construire « l’après permis ». Un guide du jeune conducteur a ainsi été réalisé, afin d’informer les nouveaux titulaires du permis de conduire sur les différentes démarches à effectuer (assurance par exemple) et les éventuelles aides.


Largement convaincue par cette nouvelle approche, conjuguant aide extra-légale et engagement citoyen, la Ville d’Angers envisage de l’étendre à d’autres domaines d’action. Cette réflexion est notamment accompagnée par l’ODAS dans le cadre de l’action-recherche « Les Villes et le vivre-ensemble » qui réunit 9 villes, 2 communautés d’agglomération et le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires (CGET). 

Bilan

Bilan
  • Accompagnement global des jeunes dans leur projet d’obtention du permis de conduire – 141 jeunes suivis et 83 permis obtenus en 2015 ;
  • Valorisation des compétences des jeunes et promotion de l’engagement citoyen – 25 heures d’engagement par jeune en moyenne ;
  • Evolution du regard de la société sur les jeunes.

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