Afin de démocratiser l’opéra et transmettre la passion pour cet art à des publics néophytes, la Fabrique Opéra, réseau associatif national, soutient dans plusieurs villes de France l’organisation de spectacles lyriques s’appuyant sur le savoir-faire des élèves d’établissements professionnels et techniques pour la réalisation des décors, costumes et maquillages. Fondée sur une véritable collaboration entre acteurs locaux, musiciens, professeurs et jeunes élèves, ces projets permettent une valorisation des compétences des jeunes et boostent la fréquentation de l’opéra dans les villes où ils ont lieu. 

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Objectifs et méthodes

Essaimer en s’appuyant sur des acteurs locaux

Depuis 2010, la Fabrique Opéra opère en tant que réseau national. Son objectif vise à répliquer l’expérience grenobloise dans d’autres communes en identifiant des porteurs de projets potentiels et en les soutenant afin qu’ils se constituent en association locale. La mobilisation d’acteurs du territoire est en effet un principe fondamental des Fabriques Opéra. Selon ses responsables, c’est bel et bien l’ancrage local du chef d’orchestre grenoblois qui avait garanti, lors des premières éditions, la mobilisation d’un nombre aussi important de participants, aussi bien du côté des établissements scolaires que des artistes. Ainsi, pour chaque nouveau projet, le chef d’orchestre et le metteur en scène sont choisis scrupuleusement par le réseau : ils doivent être des personnalités locales compétentes et animées des mêmes valeurs de transmission, de démocratisation et d’ouverture.

Afin de garantir la qualité des projets, la Fabrique Opéra a bâti, à partir des enseignements de l’expérience grenobloise, une méthodologie commune destinée à en faciliter la reproduction dans le respect des principes fondateurs de l’association. Un grand jury composé de porteurs de projet « Fabrique Opéra », de mécènes et d’un spécialiste en ressources humaines est mobilisé à chaque nouveau projet afin de s’assurer que celui-ci est viable et s’accorde avec les valeurs et les ambitions du réseau. Une fois le label accordé, les associations locales bénéficient d’une avance de trésorerie permettant de mettre le projet sur les rails ainsi que d’un appui méthodologique qui prend notamment la forme d’un guide détaillé. Pour le réseau, le respect du cahier des charges est une condition à laquelle les Fabriques Opéra locales ne peuvent pas déroger. Cependant, malgré toutes les précautions prises, il arrive que des porteurs de projet s’écartent des valeurs fondatrices du projet entraînant le retrait du label.

Démocratiser l’opéra en s’appuyant sur des valeurs et des ambitions communes 

Les Fabriques Opéra se doivent ainsi de respecter une ambition commune : démocratiser l’art lyrique en permettant à des jeunes des filières professionnelles et techniques de développer leur créativité et leur savoir-faire. Pour cela, les établissements d’enseignement professionnel et technique sont associés à la démarche. Les élèves en bâtiment, mode, maquillage, coiffure, encadrés par leurs enseignants, sont ainsi sollicités pour concevoir les décors, costumes et maquillages pour l’ensemble des acteurs, des professionnels rémunérés par la production, en collaboration étroite avec le metteur en scène au cours d’ateliers organisés pendant les mois précédant les représentations. Ces ateliers de travail sont également l’occasion d’un échange entre professionnels, artistes et jeunes autour de leur métier. Enfin, une semaine en amont, les élèves travaillent en conditions réelles avec la trentaine d’artistes et professionnels mobilisés pour assembler les décors et costumes des différentes représentations programmées (de deux à cinq selon les villes).

Mais la démarche de démocratisation ne s’arrête pas là : afin de désacraliser l’opéra, les représentations de la Fabrique Opéra doivent se dérouler de préférence dans un lieu populaire connu du grand public. De plus, les surtitres et les sous-titres traditionnellement utilisés pour traduire les opéras joués en langue étrangère sont remplacés par une narration qui, à différents moments-clés du spectacle, fait le point sur l’intrigue. Ce procédé innovant permet aux spectateurs novices de profiter pleinement du spectacle contrairement au mode classique de traduction inadapté et fastidieux. Celui-ci n’avait pourtant jamais été remis en question car le public averti connaît les pièces auxquelles il se rend et n’en a pas toujours l’usage.

Valoriser les compétences des filières techniques et redonner confiance aux jeunes

La mobilisation des établissements d’enseignement professionnels et techniques fait bien plus que d’apporter un public nouveau à l’opéra. Elle permet également à des jeunes de filières peu valorisées de porter un regard neuf sur leurs compétences via la découverte d’un univers professionnel nouveau, hors des murs de l’établissement. Dans un contexte où les filières techniques constituent souvent un choix par défaut et sont associées à un sentiment d’échec, la participation à des projets de cette envergure permet de redonner confiance à ces jeunes, souvent issus de quartiers prioritaires. Les applaudissements du public, l’importante communication déployée autour des représentations via une large campagne d’affichage et l’intérêt que les médias nationaux portent à la démarche (la Fabrique Opéra a fait l’objet de plusieurs reportages diffusés sur des grandes chaînes de télévision nationales) sont autant de sources de reconnaissance de leur savoir-faire.

Ainsi, une étude réalisée par la fondation HEC à Grenoble a mis en lumière les effets d’une participation à un tel projet : l’année de l’étude, 100 % des jeunes participants avaient changé de regard sur l’opéra, 65 % estimaient avoir renforcé leurs compétences et 75 % déclaraient avoir gagné davantage de confiance en eux. La participation au projet constitue même parfois un tremplin vers des emplois dans de grandes maisons.


De plus, ces projets sont une opportunité de revaloriser les filières techniques : en atteste la hausse des demandes d’inscription dans les établissements partenaires des Fabriques Opéra. A Grenoble, les inscriptions en filière mode avaient ainsi progressé de 400 % l’année suivant la première édition.

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